
Madrugada. Ces jours-ci, la Terre passe dans le sillage d’une comète. Une pluie d’étoiles est visible au nord-est. Tu as téléphoné à Marie pendant une heure et trente minutes en bas dans la rue. En tirant sur tes clopes tu l’écoutais te raconter ces théories sur les chiffres, son séjour à Noirmoutier, la pluie sur l’île, le froid du mois d’août, là-bas, le vélo-canne d’Alix. Vous parlez comme deux sœurs. Tu as oublié le nombre d’année qui vous unis comme amies. Qu’importe, il n’est plus nécessaire de l’évoquer. Tu avais loué un film et as dû l’interrompre pour descendre dans la rue passer le coup de fil. Il était tard.
Les mois d’été s’étirent. Tu dois écrire un nouveau projet mais rien ne vient. Panne sèche. Tes idées sont taries. Tu tournes en rond, fumes dans la journée. Beaucoup. Passes des disques. Quand tu passes ces disques ou écoutes des morceaux de musique à la radio, tu es cinquante ans plus tard. Car tu sais que ces souvenirs, tu ne les auras pas oubliés dans des dizaines d’années. Peut-être te paraîtront-ils plus petits mais ils auront la même intensité. Ils te rendront la sensation que quelque chose s’est passé. Pas rien. Quelque chose d’important. Maintenant tu penses que tu peux t’approcher de la porte, passer un dernier coup d’œil sur ce qui se déploie derrière et puis la fermer doucement, sans regret, sans douleur. Tu as regardé ta montre que tu n’as pas, le soleil et puis tu as dit oui, c’est le moment. Je l’ai attendu. Bien sûr il y a la peine. Avec l’écriture tu arriveras à l’atténuer un peu. Tu ne veux pas aller dormir ni t’alimenter. Tu voudrais écrire toute la nuit. T’écrire à toi-même. Tu as laissé la bande sonore du DVD tourner dans l’ordinateur. Tes voisins vont devenir complètement fous à force d’entendre en boucle le même morceau de musique. Mais en Espagne, les voisins ne deviennent jamais fous. Tu deviens fou avant eux. Et cette répétition sonore t’aide. Tu as accroché tes cheveux à l’aide d’une barrette. Les documents sont empilés sur la table. A côté, ta carte d’accès à l’institut, les clés de l’appartement, un dépliant comportant les horaires du tranvia, la boîte à lunettes que tu ne mets plus, des disquettes, le téléphone portable. Cette nuit tu as rêvé que la voisine d’en face enjambait la rue, passait de son balcon au tien pour te demander du sel. Du sel? Oui du sel. Ta voisine t’a demandé du sel puis elle est repartie chez elle comme un chat volant.

Des fois tu penses à la maladie. Pas à la mort, à la maladie. Le corps qui défaille. Pourquoi? Le corps qui dit zut. La vie et les expériences passent sur le corps. Tu ne veux pas être en colère. C’est une lutte acharnée. Tu la fou dehors. La porte n’était-elle donc pas fermée? Mais elle revient sans cesse. Tu es en colère quand la colère revient. Cercle vicieux. Tu fermes les yeux et mentalement dessine un cercle autour de toi. Dans ce périmètre tu lui interdis d’entrer. Et tu répètes cette construction mentale afin qu’elle s’incruste dans les replis du cerveau. Et puis il y a tout le reste. La «vastitude» - Cécile aurait aimé ce mot. Ampleur. Le monde, l’inconnu aussi, loin, là-bas. Tu pars de toi et lances des projections tout autour, des bras invisibles longs de plusieurs kilomètres atteignent l’inconnu et le connu et te font sentir le monde. Mais le monde, il ne bouge plus.
2 comments:
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