Sunday, May 24, 2009

Cauchemars et rouge à lèvres

Ici, pas d’articles de presse ni de journalisme. Ici c’est un monde à part. Un monde à inventer. Et un mode aussi qui sert à dire «raide dingue» quand vous êtes raide dingue et à raconter des trucs qui valent pas le coup d’être raconté. Plutôt les trucs qu’ont rien à voir, les détails, ce qui échappe à l’aventure elle-même. Le co-latéral.

Et l’autre jour à la radio… Une voix onctueuse et grave se fait entendre. Un hello prononcé sur un ton fusionnant avec la personne assise derrière le micro, invitée d’honneur pour la sortie de la traduction française de A Mercy. Je suis tellement émue et tellement surprise de me trouver oreille à oreille avec elle que j’écoute la moitié de ce qu’elle dit. Je trifouille plutôt dans la mémoire de la lecture de Beloved et aussi de celle d’un article du Guardian la concernant lu récemment. On ne reproche pas à Joyce de faire des livres trop Irish ni à Tolstoï de trop parler des russes dans ces romans –et la voix de Don Juan prononçant Anna Karénine, le livre reposant sur la mallette prête à être scellée, résonne subitement – alors libre à Toni Morisson de disserter sur les black américain à s’en exploser le stylo. On reproche toujours à une certaine catégorie de communautaristes de faire du communautarisme. En particulier lorsque le communautarisme nous renvoie à nos crimes. Des crimes bien trempés, des crimes au couteau, à la poudre, des crimes aux idées, des crimes à l’oppression. Et cette maudite notion d’échelle qui est la cause de tout. L’échelle, l’évolution, les hommes supérieurs et tout le bazar. Et puis mes oreilles retournent de nouveau du côté du poste, juste à temps pour entendre ça: les rêves sont tous des cauchemars. Certain avec du rouge à lèvres. Je tombe raide-dingue. Y’a des matins qui commencent comme ça. Et d’autres où le pain reste coincé dans le toaster et se répand alors une odeur de carbonisé dans l’appart.

Je l’écrirais plusieurs jours plus tard, en transit à Genève; à la terrasse d’un café sur les bords du Lac Léman, vidant l’encre sous les rayons d’un soleil capricieux tantôt me brûlant les avant-bras, tantôt m’invitant à rabaisser mes manches. J’aurais pensé longtemps à ce texte et en profiterais pour annoncer le rajout 1/de deux blogs dans mes liens: un qui traite de lutte (les combats de Fred), proprement rien à voir avec les thèmes de celui-ci et un autre (la créature aux nageoires) qui tout simplement vient dupliquer cette belle mise en habit des liens de mon blog: rien à voir. La vie est ainsi faîte, de morceaux qui ne joignent pas (n’est-ce pas Mrs Braun?) 2/ Des photos de nuit: la nuit récente (Nice Style) et ancienne (la mise à jour de la série Once Upon A Time In Madrid) grâce à un don, a mercy, des barcelonais d’adoption lors de mon dernier passage. Juste le temps de me souvenir que ces nuits-là, non seulement nos cauchemars portaient du rouge à lèvres mais ils nous arrêtaient au passage dans la rue pour nous inviter au maquillage. En revoyant ces photos, une chose est sûre aujourd’hui, jamais sous le couvert de ces fards nous n’avons été autant nous-même.