Thursday, November 05, 2009

j'avais un ami. Mais il est parti


Je n’aurais jamais pensé que cet espace servirait à cela un jour. Mais aujourd’hui que se présente l’occasion, presque sans réfléchir, j’y vais. J’y vais d’une annonce personnelle car après tout, ce blog est un forum pour célébrer l’amitié qui se fait, se défait et se refait au rythme des vagues. Les vagues écrivaient Virginia Woolf. Et puis sa vocation première c’est de raconter la vie «qui taille elle même au vif de la vie». L’une dans l’autre, j’en viens à dire que j’ai perdu mon pote Jean-Marc. Je l’ai su aujourd’hui. J’ai su qu’il était entré fin juillet dans un service de cancérologie et qu’il en est ressorti directement direction le paradis la semaine dernière. Cancer du poumon. Cancer généralisé. 42 ans.

Ce serait infiniment long de revenir sur l’origine de cette rencontre. Et puis d’ailleurs, elle ne me revient pas cette rencontre, elle revient à Marie, la téméraire Marie qui un soir d’avril 1994... ah, mais chuuuuuuuuut, rien ne pourrait être raconté ici bas.

Toujours est-il que si vous faîte les comptes, ce sont des amitiés qui durent. Qui duraient.

C’est beau de vieillir car l’on peut alors contempler l’étendu de ces amitiés. C’est vertigineux. Ca vous donne le fou-rire.

Le contre-point que je réalise ces dernières heures à cause de cette nouvelle foudroyante, c’est que j’entre dans un âge où leur menace (la menace des nouvelles foudroyantes) apparaît inévitable. Rare mais inévitable. C’est un fait mais l’on calmera la tremblote comme on pourra pour ne pas montrer que l’on a peur, pour avoir l’air normal aux yeux du commun des mortels. Un peu de contenance s’il vous plaît.

Je perds un ami de longue date. C’est la première fois. Je voulais le dire. Pas pour étaler ce que je ressens (une chose indescriptible), mais parce que je voudrais que la mémoire existe quelque part. Dans un lieu autre que ma boîte crânienne (j’ai fait la saison dans cette boîte ….) qui est au passage un puits sans fond en matière de souvenirs. Matérialiser ce que l’on sait, il n’y a guère d’autres moyens que l’écriture.

Je pense aussi à ce vide qui nous entoure communautés d’êtres humains, à ces espaces, ces néants qui auréolent nos champs d’action.


Il est une heure, je ne dors pas. Il y a de l’orage et une dépanneuse arrêtée sur la voie rapide. Dans le nuit, le gyrophare orange clignote.