Saturday, January 30, 2010

L'ECRITURE SOUS INFLUENCE

Texte sur le mode Rolin (voir Suite à l’hôtel Crystal).


Chambre bleue, Carbonne, département de la Haute-Garonne.

La chambre est vaste. Le papier peint à motif de fougères blanches sur fond bleu clair recouvre l’ensemble des murs et remplit un cadre dans l’intérieur de la porte. Elle donne sur un petit couloir dans lequel s’ouvrent trois autres chambres caractérisées par des couleurs distinctes. Le long du mur qui fait face au lit que j’occupe, s’achemine un lit une place et une commode à six tiroirs séparés pas le conduit de la haute aspirante. Sur la commode, un éléphant en porcelaine grenat est posé, trônant seul sur un napperon rectangulaire délimité par des petites boules de coton. Dans le coin, près de la porte, tremblent les armatures d’une penderie où sont suspendus des cintres nus. Mon lit deux places est séparé d’un autre lit deux places au matelas exagérément mou par une table de chevet en bois couleur miel de romarin. Un cahier d’écriture pour enfants en papier recyclé orné d’un Babar traîne sur l’étagère inférieure de la table de nuit. Sur l’étagère supérieure se tient une petite lampe rose dont le socle en porcelaine dessine le drapé d’un tissu. Sur le lit exagérément mou j’ai jeté mon téléphone relié à la prise par son chargeur. F m’a envoyé un message dans la soirée; il était avec L buvant une bière pour leur première rencontre. Deux fauteuils rouges aux motifs floraux psychédéliques s’effilochent tournant le dos à la petite fenêtre habillée de deux pans de rideaux réalisés au crochet. La fenêtre n’est pas très haute. Elle est coupée par le toit qui descend en pente douce sur le mur de la maison. A l’angle formé par le toit et le mur des hirondelles font leurs nids au printemps. Sur le trottoir, tombe une cascade de fientes.

Chose étrange, la maison appartient à des communistes, un chapelet est suspendu à l’une des extrémités de la tige en bois qui retient le rideau de la fenêtre. Au loin, on entend le carillon sonner une heure tardive de la nuit. Le sol est recouvert d’une moquette à bouclette bleu en synthétique. Au plafond, un lustre en verre dépoli imitant une grosse cloche est suspendu au centre de la seconde poutre. La place occupée communément par l’ampoule est vide. L’éclairage de la pièce est assuré par un spot émergeant d’une poutre et par deux appliques imitation CRISTAL suspendues au dessus de chacun des lits deux-places: le mien et celui au matelas exagérément mou.

Sunday, January 17, 2010

La mort en direct

Je devrais pas dire cela. Mais pourtant ça en a tout l’air. L’intitulé du blog s’appelle “Histoire d’une nouvelle aventure cancérologique”

C’est vrai que je suis obsédée par le sujet dernièrement à cause de la mort récente de Jean-Marc. Mais je ne pensais pas, au fil de mes errances sur la toile, me retrouver nez-à-nez avec le récit au jour le jour d’une maladie écrit par son propre porteur. Il s’agit d’une journaliste de Libé. Elle tenait il n’y pas si longtemps un site sur lequel n’importe quel internaute est libre d’envoyer des photos (http://photos.blogs.liberation.fr/) dans le but de les publier. Un pèle-mêle d’images choisies avec soin. On avait eu un court échange de mails suite à mes tentatives. Et puis un beau jour j’apprends qu’elle cède le fauteuil à un collègue car sa maladie ne lui permet plus d’assurer la logistique du site. La maladie? Quelle maladie?
C’est là que je découvre le blog sus-cité pour lequel on peut obtenir le lien directement à partir du site oueb du quotidien sus-cité lui aussi. Son cancer elle l’appelle “le Krabe”. La métaphore est de mise quand on choisit de parler de maladie. Y’a qu’à voir dans la littérature: Boris Vian et sa fleur pulmonaire...

La roulette de la souris glisse sous mon index et j’apprends, je découvre. De l’opération à la chimio. De la tumeur aux métastases. De la radiothérapie aux doses de cheval d’anti-douleur administrées par différentes voies. Comme dans une histoire, il y a des personnages: le krabologue, la psy, le radiologue, l’infirmière de l’hôpital, l’aide soignante, l’infirmière libérale, l’anesthésiste, le généraliste, bref un beau casting. C’est pas du gâteau à lire mais l’atypisme de l’auteure me laisse bouche-bée.


Dans les années 80, un tremblement de terre en Colombie avait enseveli la population. Une chaîne de télévision avait filmé en direct le dégagement d’une petite fille prise sous les décombres. Cela avait été impossible et elle était morte d’épuisement. La caméra avait filmé jusqu’au bout et retransmis l’intégralité du tournage que nous aurions le loisir de regarder, bien attablés devant nos assiettes (dans mon foyer d’enfance, il était coutume de manger en regardant la télévision) depuis notre continent.
Je fais un parallèle et c’est comme si je lançais un blâme à la rédactrice du blog. Cependant il n’en ai rien. Le débat est lancé et il semble qu’il se posera souvent. En attendant, comptons les morts du cancer pour nous endormir...


Raconter, c’est le seul foutu moyen de commencer à changer les choses
Roberto Saviano

Sunday, January 03, 2010

Ha llegado el 2010


Bonne année, Feliz anyo nuevo, happy new year!