Alors c’est l’histoire d’un mec. Le prince
charmant. Mais attention pas le traditionnel qu’arrive tout bouseux sur son
cheval avec ses fringues en lycra. Non un prince moderne qu’aurait un job qui
tue genre trader à wall street ou dans la city ou directeur de marketing chez
victoria secret. Un type qui nage dans le yen, l’euro, la livre sterling et
les petrodollars et accessoirement qui court en sweat-shirt à capuche sous la
pluie on comprend pas trop pourquoi, mais bon…
Bref le gros numéro. Il a son
bureau en haut d’une tour de verre, au dernier étage et sa résidence secondaire
elle aussi en haut d’une tour en verre. Elle, elle est couverte de tissus
liberty et ça lui donne un petit coté fleur bleu. Elle a rien demandé à personne,
elle est simple, muette, aime les livres et sûrement le flan de courgette. Et
puis surtout, elle va filer un coup de main à sa bonne copine. Une panoplie
savamment composée pour donner une belle envergure au gros numéro qu’elle va
tirer (dans les deux sens du terme même si nous n’y sommes pas encore).
La rencontre ressemble à une collision entre
le renard de Rox et Rouky à cause de ses yeux de petit animal un peu crétin et
Bambi qu’aurait vu sa mère ressuscitée. Mais attention, en dépit de son regard
de petit animal sans défense, le mec il faut pas s’y méprendre; il conduit un
hélicoptère puis un avion de chasse et puis il court donc sous la pluie à la
Rocky avec un sweater chinée UCLA sur le dos, la capuche enfoncée sur les yeux
pour passer incognito. Car m’enfin! c’est le patron d’une grosse multinationale
qui conduit certainement les jeunes japonais à se suicider ou les bangladais à
accepter un salaire journalier de 50 centimes. Un mec ordinaire quoi. Enfin pas
tant que ça puisque son truc c’est attention, accrochez vous, tchan tchan
tchan, c’est le SM. Alors là les yankees y z’ont découvert un truc on dirait.
Sont sortis de leur waspitudes pour une fois et sont allés voir de l’autre coté
du masque et des lanières en cuir. Vous l’aurez compris le film c’est un peu un
remake des années collège à la sauce érotico-porn. Y’a pas de quoi fouetter un
chat. Tout ça pour un big coup de promo sur le jour de la Saint Valentin qui
comme on peut le présager est loin d’être le jour le plus hot de l’année. Mais
faut bien se rassurer à sa manière.
Au bout de deux heures, lassé-e de voir du
liquide de frein couler entre les omoplates, des brosses courir le long du coton
de la sloogy et le 15ieme plan sur une lèvre inférieure mordue, vous pourrez au
moins vous satisfaire d’avoir feuilleter le dernier numéro de Cosmopolitan. Des
fois on a même l’impression que le diable qui s’habille plus souvent en Prada
qu’on ne le croit va sortir de derrière la porte dorée, furie au milieu des
rangs bien alignés de chemises et des mini tiroirs à cravate: non mais c’est
quoi ce boxon! Vous en aurez donc pour votre grade de fringues, de petite robe,
de snood en coton, de blaser en tweed, de slim en denim et donc de sweat à
capuche. Et même si vous avez résisté au shopping de printemps, vous pourrez
foutre votre détermination à la poubelle en sortant de la salle. Voilà, Le tout
promu par la voix de Beyoncé en monde langoureux sur un remix de crazy in love.
Ma foi, on peut au moins se féliciter de comprendre enfin ce qu’elle dit.
Ça date pas d’aujourd’hui mais peut être
qu’avec cette nouvelle sortie, Hollywood touche à son paroxysme dans son
fricotage avec la pub. On ne se privera pas pour autant de visionner le
streaming par fragment de cinq minutes en étant au téléphone avec son meilleur
pote et train de nous raconter sa dernière rencontre vintage sur badoo. Allez,
je raccroche.