Oui, je sais, René ne serait pas très content, permettez que je l’appelle René. Après tout, c’est son nom.
Même si mes très chers et attentionnés collègues m’ont offert dernièrement un abonnement au Courrier International, signe que je suis sensée m’intéresser au monde, aux cultures, et à tout autre sujet pour lequel l’être adulte trouve un intérêt, je n’appartiens pas moins à cette catégorie de personnes dite qui «refusent de grandir». Je pensais à ça ce soir en épluchant mes carottes directement dans le sac en plastique sorti du supermarché et en en croquant le bout avec les fanes façon qui vous voyez. Là, debout dans ma cuisine prenant la pose d’une méditation à la buggs, je me suis dis ça. Un refus, tout simplement. Un refus ou une quête. La quête d’une époque à jamais perdue pour laquelle on cultive l’espoir fou de voir reparaître. Entrer dans l’âge adulte c’est fermer la porte à cette quête. Hors de question.
Refuser de grandir c’est envisager l’homme qui ne vieillit pas, c’est monter dans un train et voir l’ombre à la surface du canal qui se transforme en fantôme ou le fantôme à la surface du canal qui se transforme en ombre. C’est envisager toutes les choses que nous ne ferons pas et faire la liste des occasions que nous avons manquées. C’est lire de la poésie où l’on parle de nous. C’est lire des histoires qui nous sont racontées où le moi s’efface laissant la place aux personnages. Ils se placent sur la scène un à un. Ils apparaissent et tombent comme des gouttes depuis le ciel pour s’intégrer dans l’immense bleu. Refuser de grandir c’est jouer à un jeu de golf sur son téléphone portable quand on s’emmerde, envoyer des sms à ses amis se terminant par «j’adore» toujours quand on s’emmerde, mimer le jeu du piano sur ses genoux en écoutant Richard Clayderman ou Rachmaninov quand l’emmerdement vire à la panique.
Résister, refuser, c’est exister et bien sûr se rendre à l’évidence qu’exister n’a aucun sens. Encore que, pour reprendre une phrase issue de l’hebdomadaire suscité,
l’homme athée est à plaindre puisque lorsqu’il se fait faire une fellation, il n’a personne à qui parler.
Et pour terminer cette rencontre avec vous, cher public de tout bord, je vais faire mes traditionnelles annonces.
Le blog de Ludo à Séville. Après Paris, après Madrid, les destinations de notre Ludo ont leur compte rendu sous forme d’une collection de blog que l’on pourrait appeler Junky Planet. Lui aussi devient voyageur, à sa façon, et nul ne pourrait exclure que de beaux jours lui sont réservés.
Le site du
Grand BaZART, que je n’ai malheureusement jamais honoré jusque là, question d’oubli -ah! l’oubli, il a bon dos l’oubli!
Et puis le site de mon artiste pop préféré,
Schéma 17, l’heureux élu pour nous dégoter des soirées au champagne.
Tous ces liens pas ici mais dans la colonne de droite que vous connaissez déjà (mas cosas).
L’accompagnement musical que vous ne pouvez pas entendre était programmé par Mic. Pas comme d’habitude.