C’est vrai que je suis obsédée par le sujet dernièrement à cause de la mort récente de Jean-Marc. Mais je ne pensais pas, au fil de mes errances sur la toile, me retrouver nez-à-nez avec le récit au jour le jour d’une maladie écrit par son propre porteur. Il s’agit d’une journaliste de Libé. Elle tenait il n’y pas si longtemps un site sur lequel n’importe quel internaute est libre d’envoyer des photos (http://photos.blogs.liberation.fr/) dans le but de les publier. Un pèle-mêle d’images choisies avec soin. On avait eu un court échange de mails suite à mes tentatives. Et puis un beau jour j’apprends qu’elle cède le fauteuil à un collègue car sa maladie ne lui permet plus d’assurer la logistique du site. La maladie? Quelle maladie?
C’est là que je découvre le blog sus-cité pour lequel on peut obtenir le lien directement à partir du site oueb du quotidien sus-cité lui aussi. Son cancer elle l’appelle “le Krabe”. La métaphore est de mise quand on choisit de parler de maladie. Y’a qu’à voir dans la littérature: Boris Vian et sa fleur pulmonaire...
La roulette de la souris glisse sous mon index et j’apprends, je découvre. De l’opération à la chimio. De la tumeur aux métastases. De la radiothérapie aux doses de cheval d’anti-douleur administrées par différentes voies. Comme dans une histoire, il y a des personnages: le krabologue, la psy, le radiologue, l’infirmière de l’hôpital, l’aide soignante, l’infirmière libérale, l’anesthésiste, le généraliste, bref un beau casting. C’est pas du gâteau à lire mais l’atypisme de l’auteure me laisse bouche-bée.
Dans les années 80, un tremblement de terre en Colombie avait enseveli la population. Une chaîne de télévision avait filmé en direct le dégagement d’une petite fille prise sous les décombres. Cela avait été impossible et elle était morte d’épuisement. La caméra avait filmé jusqu’au bout et retransmis l’intégralité du tournage que nous aurions le loisir de regarder, bien attablés devant nos assiettes (dans mon foyer d’enfance, il était coutume de manger en regardant la télévision) depuis notre continent.
Je fais un parallèle et c’est comme si je lançais un blâme à la rédactrice du blog. Cependant il n’en ai rien. Le débat est lancé et il semble qu’il se posera souvent. En attendant, comptons les morts du cancer pour nous endormir...
“Raconter, c’est le seul foutu moyen de commencer à changer les choses”
Roberto Saviano
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