Sunday, October 07, 2012

ROAD TRIP TO KERVOAC




Ceci n’est pas un rêve ni un cauchemar. Encore moins un récit d’antan. Kervoac prononcé Kerouac. Vous y êtes?
J’ai découvert, par hasard - quand j’écris par hasard, je m’arrête, les doigts au dessus du clavier sachant que ça mériterait quand même une petite explication, que tout le monde sait que le hasard fait bien ou mal les choses. Le hasard, c’est un peu le sel du destin que l’on jète à toutes les sauces pour donner du goût mais restons en là pour aujourd’hui. Donc par hasard je découvre que Jack Kerouac était breton. Pas de naissance. D’origine, cela va de soi.
Quand on y pense à deux fois, avec un nom pareil, rien d’étonnant mais encore fallait-il s’y pencher. Ce qu’ont fait les Kerouac d’Amérique pendant plusieurs générations sans faire grande fortune. Même à l’époque où le sieur Jack était allé jusqu’à Brest, en 1965, dans le but de rencontrer dans la personne d’un monsieur nommé Lebris un aïeul en chair et en os, les pistes étaient complètement brouillées. Il y a moins de 10 ans, la lumière a été faite.
L’ancêtre serait un certain Urbain-François Le Bihan de Kerouac ayant émigré au Canada au début du 18ième siècle. Fuyant une sombre affaire de meurs, à son arrivée en terre d’exil il change son nom en Lebris de Kerouac, début de toutes les complications pour qui cherche ses origines. Jack cherchait donc sur les terres bretonnes un Lebris dans son arbre. Il faisait fausse route.
Les Le Bihan ascendants d’Urbain-François étaient des gens du lieu-dit Kervoac à côté de Lanmeur. Alors là, c’est le moment où je sors ma carte du Finistère, toute fraîche, toute neuve, ayant très peu servie au terme de cette année en plaines inconnues et je m’aperçois que c’est à deux pas chez moi. Alors j’ai pris ma bagnole et j’y suis allée.
J’ai pas lu Sur la route à 16 ans comme on l’entend souvent dans les témoignages. Je crois bien, je suis sûre même, que c’est Mic qui me l’a mis entre les mains. J’avais dû le feuilleter voire le lire en entier mais c’est l’édition que je tiens dans la main trouvée sur l’étal d’un bouquiniste à Toulouse qui m’a vraiment saisie quelques années plus tard. Voyez comme les gens «bougent». Le même livre, les mêmes phrases. Un jour elles te laissent indifférent, un autre elles te parlent et tu les écoutes. J’avais déjà parcouru plusieurs milliers de kilomètres avec mon sac à dos, j’avais toujours pris des notes et tenu des carnets lors de ces voyages multiples et variés où je ne cherchais rien d’autre que teinter mes lendemains de destinations nouvelles, attentive aux rencontres et acceptant les coups durs. Quoi de plus normal alors que de remplir sa bibliothèque d’écrivains voyageurs et de trimbaler dans ses valises des romans qui parlent d’expériences similaires à celles que j’ai vécu sur ma route.
A la sortie de Lanmeur, j’aperçois une stèle confirmant l’origine de cette épopée familiale et se tenant à la croisée de trois Kervoac: Creiz, Heulla et Izella. Je n’ai que l’embarras du choix. Un seul cependant solitaire émerge devant une ferme sur le bord de la route. Sur la route là où tout commence. Là où tout fini.

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