Ceci
n’est pas un rêve ni un cauchemar. Encore moins un récit d’antan. Kervoac
prononcé Kerouac. Vous y êtes?
J’ai
découvert, par hasard - quand j’écris par hasard, je m’arrête, les doigts au
dessus du clavier sachant que ça mériterait quand même une petite explication,
que tout le monde sait que le hasard fait bien ou mal les choses. Le hasard,
c’est un peu le sel du destin que l’on jète à toutes les sauces pour donner du
goût mais restons en là pour aujourd’hui. Donc par hasard je découvre que Jack
Kerouac était breton. Pas de naissance. D’origine, cela va de soi.
Quand
on y pense à deux fois, avec un nom pareil, rien d’étonnant mais encore
fallait-il s’y pencher. Ce qu’ont fait les Kerouac d’Amérique pendant plusieurs
générations sans faire grande fortune. Même à l’époque où le sieur Jack était
allé jusqu’à Brest, en 1965, dans le but de rencontrer dans la personne d’un
monsieur nommé Lebris un aïeul en chair et en os, les pistes étaient complètement
brouillées. Il y a moins de 10 ans, la lumière a été faite.
L’ancêtre
serait un certain Urbain-François Le Bihan de Kerouac ayant émigré au Canada au
début du 18ième siècle. Fuyant une sombre affaire de meurs, à son
arrivée en terre d’exil il change son nom en Lebris de Kerouac, début de toutes
les complications pour qui cherche ses origines. Jack cherchait donc sur les
terres bretonnes un Lebris dans son arbre. Il faisait fausse route.
Les
Le Bihan ascendants d’Urbain-François étaient des gens du lieu-dit Kervoac à
côté de Lanmeur. Alors là, c’est le moment où je sors ma carte du Finistère,
toute fraîche, toute neuve, ayant très peu servie au terme de cette année en
plaines inconnues et je m’aperçois que c’est à deux pas chez moi. Alors j’ai pris
ma bagnole et j’y suis allée.
J’ai
pas lu Sur la route à 16 ans comme on l’entend souvent dans les
témoignages. Je crois bien, je suis sûre même, que c’est Mic qui me l’a mis
entre les mains. J’avais dû le feuilleter voire le lire en entier mais c’est l’édition
que je tiens dans la main trouvée sur l’étal d’un bouquiniste à Toulouse qui
m’a vraiment saisie quelques années plus tard. Voyez comme les gens «bougent».
Le même livre, les mêmes phrases. Un jour elles te laissent indifférent, un
autre elles te parlent et tu les écoutes. J’avais déjà parcouru plusieurs
milliers de kilomètres avec mon sac à dos, j’avais toujours pris des notes et
tenu des carnets lors de ces voyages multiples et variés où je ne cherchais
rien d’autre que teinter mes lendemains de destinations nouvelles, attentive
aux rencontres et acceptant les coups durs. Quoi de plus normal alors que de
remplir sa bibliothèque d’écrivains voyageurs et de trimbaler dans ses valises
des romans qui parlent d’expériences similaires à celles que j’ai vécu sur ma
route.
A
la sortie de Lanmeur, j’aperçois une stèle confirmant l’origine de cette épopée
familiale et se tenant à la croisée de trois Kervoac: Creiz, Heulla et Izella.
Je n’ai que l’embarras du choix. Un seul cependant solitaire émerge devant une
ferme sur le bord de la route. Sur la route là où tout commence. Là où tout
fini.
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