Alors voilà. Un polichinelle dans le tiroir et ce lieu ressemble à un décor de western avant la bagarre. Déserté. Seules quelques balles de buissons épineux roulent dans la poussière. Abandonnées, les maisons soutiennent péniblement leurs panneaux de bois vermoulus. Plus une seule âme qui vive. Un blog fantôme.
Avec en prime cette désagréable sensation que la musculature en a profité pour se faire la malle. Parce que la phrase, c’est comme le corps, si on n’entretient pas, ça devient tout flasque. Allez, un coup de pédale, des feuilles de papier blanc recyclées et c’est reparti. Les attestations de déplacement représentent en somme de très belles feuilles de brouillon. Faut reconnaître que même si au début le tas était soigneusement calé sur le meuble près de la porte d’entrée, elles ont rapidement pris le rôle de vieil objet de déco que plus personne ne considère. Elles nous aurons au moins rapprochés un temps d’Aung San Suu Kyi. Assignés à résidence. Pas pour la même durée et encore moins pour un engagement politique. Si seulement.
Un enfant, check. Un livre, check. Un arbre, check*. La trilogie de l’accomplissement est passée par là. Et la fin justifie les moyens.
L’enfant, je ne l’ai pas fait. Enfin, si. Enfin, non. Enfin, si quand même. Cela valait bien un récit illustré par ma talentueuse Emma.
Passé un certain âge, les mômes, on les fait plus naturellement. Et même si on s’acharne sur la sacro-sainte Nature, les éprouvettes finissent par arriver à la rescousse dans leurs cliquetis joyeux et sournois.
Le livre, en fait, ce n’est pas moi qui l’ai écrit. Enfin si. Enfin non. Enfin, une partie quand même. J’ai aussi joué le grand chef d’orchestre. Qui l’eut cru, moi qui ne sais pas différencier le do du mi ni le mi du la.
L’arbre, c’est plutôt une bouture de bégonia bambou qui a pris ses quartiers dans la sous-pente du dressing.
Bref, tout cela ressemble bien à de la pacotille mais permet de se faire une place dans la société du check, du like, du post, du tweet et du follow. J’ai rien vu venir et pourtant, nous y voilà. Prisonniers, prisonnières de la représentation perpétuelle, de l’étalage du quotidien, accros à quelques centimètres carrés numériques. C’est que l’écriture a toujours été une nécessité. Et un hasard. Et même si on ne possède pas un atelier en annexe d’une villa dans les Hampton, on trouve toujours un endroit où gratter la bille (ou plutôt tapoté le clavier).
Polichinelle a grandi à l’inverse des plages de temps libre dans ma vie. Il faudra quand même se faufiler dans ces trous de souris.
Il y a eu cette grande fourmilière qui a occupé mon esprit pendant plusieurs mois et qui continue de lui donner bien des soucis au point de rendre mes conversations monothématiques. Ce tas d’insectes grouillant n’est pas si proche qu’on voulait bien nous le faire croire. Et moi aussi j’ai vu du rouge là où se pavanait le noir.
J’ai bien d’autres sujets qui me démangent; heureusement et malheureusement. Des passions littéraires, des cauchemars enfouis, des histoires à dormir debout, des drames familiaux et puis ma bedfellow recount. C’est quoi ce dernier truc? Ben vous voyez Andie MacDowell dans 4 mariages et un enterrement? La scène où elle n’a plus de secret pour Hugh Grant. Pareil. Je me suis livrée à cet exercice-là. Ça ne résout rien et on s’y perd. «J’m’en fou du bonheur, j’préfère la vie» disait Emile Ajar, Romain Gary masqué quoi. On peut dire que oui.
Mais aussi, rien de tel qu’un nettoyage du foie pour dérouiller le cerveau. Quoi? Le foie? Oui. Une méthode naturelle pour «pondre» les calculs biliaires. Et on se sent plus léger, les idées plus claires. Mais ça, c’est une autre histoire. Il eut été plus logique d’arguer que le dernier roman de Martin Amis, Inside Story, a été le vrai vecteur déclencheur pour me remettre à ce blog. L’autofiction, quel régal quand même. Mais non, je préfère débarquer avec mon habit de sorcière, un balai et un grimoire de compet’.
Welcome back ladies and gentlemen.
*"Pour réussir sa vie, un homme doit faire un enfant, écrire un livre et planter un arbre". Compay Segundo
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