Wednesday, August 16, 2006

today is today
recibo de Alquiler (reçu de Loyer)

Au premier abord il m’apparu évident que cet homme, je ne le connaissais de nulle part. Il m’attendait en bas de l’immeuble. Je ne le savais pas. Je ne savais pas qu’il m’attendait.

C’est en me dirigeant vers l’arrêt d’autobus que je l’aperçu: au volant d’un voiture noire luisante –peut-être une Saab, un truc dans le genre- en stationnement devant la poissonnerie, la fenêtre descendue au maximum, il me souriait en faisant un signe de la main. Son visage était bronzé comme ceux de ces types qui sont guides de haute montagne ou MNS sur les plages. Par dessus le marché, il portait une chemise blanche qui relevait admirablement son teint. Son poignet dépassait lascivement de l’encadrement de la vitre; il ne semblait pas décidé à quitter le cuir de son siège conducteur. Son regard qui virait à l’interrogation suivait toujours mon cheminement qui prenait maintenant une direction radicalement opposée à l’auto sombre. En me déviant, je gardais cependant un œil sur l’inconnu. Il s’agissait encore d’un de ces dragueurs intempestifs qui ratissent les rues. Et moi, j’avais l’habitude de traiter avec cette faune-là. Les IGNORER, c’était l’attitude clé. C’est alors que, regardant au-delà de l’homme, aux confins de l’habitacle noir, dans le nuage pas tout à fait opaque des vitres, je la reconnu. Florès, son sac en cuir sur les genoux, ces cheveux en bataille et ses petites lunettes dorées posées sur le nez.
Alors que j’étais supposée la voir descendre de l’autobus comme chaque mois pour se faire livrer l’enveloppe du loyer que je lui préparais en mon titre de locataire, ce jour-là son fils avait pu se libérer pour lui économiser le trajet en transport public. Je l’avais rencontré à son cabinet deux ans plus tôt pour la signature du bail. Après avoir formulé quelques excuses, composé plusieurs sourires pour rattraper ma goujaterie première et déposé l’enveloppe entre ses mains, je m’en reparti, lestée d’une note: le REÇU DU LOYER. Un petit papier blanc que des mains bronzées avaient rédigé à la hâte: «Ne t’en fais pas, du moment qu’il y a une signature, c’est valable». Et je pouvais lui faire confiance; il était avocat de sa profession.


1 comment:

Le mange-disque said...

Une drôle de façon de recycler le papier.
Une métaphore de la promotion sociale (comment ce bout de papier Mickey pouvait-il imaginer qu'il finirait Reçu de loyer).
Un critique d'art de mes deux qui appelerait ça de la "decontextualisation".
D'après ce que je sais, les pages de la sainte bible aussi sont recyclables... n'est-ce pas?
Le sens de l'humour des avocats du Levant.