Lettre à mon frère virant écolo
envoyée
oct 2004
Le motif de cette lettre ne sera pas de relever ton art en matière de jeu de mots («la came m’isole de force» a flanqué définitivement une baffe à ma lexicologie et ratatine tous mes espoirs de trame humoristique dans mes textes) mais encore de parler d’écologie et pour introduction je soulignerais une information toute fraîche qui met sans aucun doute de l’eau à ton moulin. Comme moi, tu dois te réjouir d’avoir appris que le dernier prix Nobel de la paix a été attribué une écologiste, la kenyane Wangari Maathai qui est à l’origine du mouvement de reforestation Ceinture Verte et de la création des 50 000 emplois (ça fait rêver, hein?), des planteurs d’arbres.
Au passage, je défendrais que l’engagement doit avoir cette spécificité: être dépourvu d’intérêt. C’est vrai qu’on a l’impression de péter dans la semoule en tentant de faire changer les mentalités en matière de consommation d’énergie (ceci dit que peut-on espérer des classes qui s’émerveillent devant des films comme Amelie Pouliche? (Au passage la sound track de ce film accompagne ma rédaction car putain! y a rien de mieux pour atténuer mes dépressions post ciné documentaire (un film épatant colombien, j’ai nommé «Marie Full of grace», qui relate l’odyssée des passeurs de drogues entre Bogota et New York, fermez les parenthèses))). Pour le néophyte qui prend le chemin du combat (idéologique) l’erreur est certainement de donner de l’importance à ce constat (les gaspilleurs d’énergie autant que les visiteurs de la poulouche). Car qui dit «c’est perdu d’avance» a toutes les chances de perdre. Merde! Bon, je reconnais, j’ai pas inventé l’eau chaude mais Rika Zaraï a réhabilité les bains de siège pour combattre l’hépatite; c’est pas une mince affaire et ça aussi, que tu le veuilles ou non, met de l’eau à ton moulin.
Ceci dit tu me donnes bien du fil retordre en m’exposant qu’en matière d’éolien (j’apprends du langage) l’Espagne et la France se tournent le dos. J’ignore pourquoi et quels sont les éléments qui permettent d’en conclure de la sorte. Ma vision des choses est tout autre; d’un côte je vois un pays qui a développé un grand nombre de parcs et de l’autre, un qui se tourne de plus en plus vers la chose (et ce, grâce à, j’ai l’honneur de citer, Frédéric Boutet!).
Le modèle de l’Espagne miroite derrière tes portes et nul doute que tu aurais intérêt à l’étudier de plus près. La barrière des langues peut se sauter facilement, crois-moi. Mon expérience en témoigne. Grâce à mes classes intensives, Poncho, mon compañero de piso -my roommate if you prefer- fait des progrès épatants en français. J’en déduis quand il prononce, presque sans accent «et mon cul, c est du poulet?» ou «c’est quoi ce bordel» ou encore «tiens, voilà du boudin». Je suis d’ailleurs assez rassurée qu’il sache bien les dire vu que ces expressions sont intraduisibles en espagnol. Surtout «tiens, voilà du boudin» dont la recherche de l’équivalent linguistique a mobilise les forces intellectuelles de toute la communauté francophone hispanophile. L’affaire s’est soldée par une capitulation sans appel.
Comment donc s’inspirer du modèle espagnol? Peut-être serait-il instructif de connaître les politiques qui ont été mises en œuvre pour arriver à un tel stade de développement des parcs éoliens. Oh! Il s’agit éventuellement d’un motif saugrenu. L’origine d’une telle réussite relève peut-être de l’anecdote: genre le ministre del medio ambiante de l’époque avait une maîtresse au physique de Pocahontas qui tenait un commerce de macramé du côté de d’Astorga (l’équivalent ibérique du plateau du Larzac). Dans ce cas-là, on n’est pas plus avancé. Mais on ne peut s’en tenir aux seules hypothèses, tous les espoirs sont permis. Et c’est sur cette note optimiste que je terminerais en espérant que les cinq pour cent d’hélice fructifient et aiguisent ton pouvoir de conviction.
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