Deux semaines après le début
de la prise de Lariam, j’écrivais ces notes retrouvées dans mon journal de
voyage:
Depuis
plusieurs nuits je fais des rêves atroces: une tuerie où un groupe de personnes
(dont je faisais partie) se tirent à bout portant et se transpercent le ventre.
Le sang et la chair giclent. Ensuite, j'ai rêvé de Bénédicte; elle était
devenue folle et dangereuse. Une folie qui ressemblait à celle de Deneuve dans
"Répulsion". Elle semblait capable de tuer quelqu'un sur le champ par
n'importe quel moyen. Ces yeux surtout faisaient peur. Enfin, une chambre où se
tenait une femme condamnée à mort était le décor de mon troisième rêve. Elle
allait être tuée, elle se tenait petite derrière les barreaux. Son fiancé était
là, lui tenait la main pour l'accompagner dans la mort. Elle souffrait et son
visage n'exprimait que la terreur, aucune autre émotion ne semblait habiter son
corps. De plus, elle était enceinte. Cela n’avait pas empêché la programmation
de son exécution. Le couple qui avait été victime du crime qu'elle avait commis
(quel crime? je ne sais pas), un homme et une femme d'une 50aine d'années,
regardait la scène par une petite fenêtre incrustée dans la porte de la
cellule. En effet, les plaignants ont le droit d'assister à l'exécution, je
l’avais lu lorsque je tentais d’écrire une nouvelle sur le sujet. L'idée de
regarder quelqu'un mourir et d'en éprouver une certaine satisfaction est bien
plus qu’atroce à mes yeux. Elle fait partie de ces choses qui errent dans un
monde extérieur au genre humain. Cette idée lui serait étrangère. Mais dans
toute forme vivante il y a ce que l’on pourrait appeler des anomalies.
En temps normal
je fais des cauchemars bien sûr mais là c'est un concentré express. J'ignore
comment l'interpréter. Certainement comme le reflet des multiples tensions que
j'ai connu depuis le début du voyage. Je ne pensais pas que cela avait pris
autant d'ampleur dans mon esprit.
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