Découvert
sur Tracks un soir de justement surfage sans but précis sur la toile, John
Perry m’a paru d’emblée bien sympathique. Il expliquait ses performances
récentes en matière de taillage de crayon. L’épreuve consistait à rassembler
des crayons à papier et à les aiguiser jusqu’à l’obtention d’une mine potable
et cela en un temps records. Quel intérêt me direz-vous donc? J’y viens. On a
toujours certainement mieux à faire surtout quand on est staff member en
philosophie d’une université californienne comme le sieur Perry. Mieux à faire
que de tailler des crayons et d’y mettre un soin minutieux. La question arrive
sur un tapis (volant?). Pourquoi aurait-on mieux à faire? Pourquoi on
remettrait pas à demain ce qu’il est urgent de faire à l’instant t0? La
procrastination est née. Vous avez un truc important à faire. Ne le faites pas.
Faites le demain voire mieux: attendez que quelqu’un le fasse à votre place.
Mais alors, quoi. Si vous faites pas les choses que
vous êtes sensé faire, qu’allez-vous donc faire à la place? L’art du glandage
ouvre ses ailes. Le grand art au plumage rare, à l’envergure démesurée. Il vole
sur vos têtes. Quel est donc ce serpent qui siffle. Glander. Rester au lit
jusqu’à midi. En pyjama jusqu’à 14h. Prendre un bouquin. Le reposer. Ouvrir You
Tube. Le laisser allumer. Regarder des vidéos de chats, les clips des années
80, ceux qu’on ne voyait à l’époque que sur MTV. Ou encore des breaks INA: des
passages TV d’Iggy Pop avec Mourousi (merci L), des coups de gueule de
chanteurs, des vidéos de cuisine, des cérémonies des césars anciennes, 1993
l’année où les nuits fauves sont passées en force dans le sang contaminé.
Alterner tout ça avec bien sûr l’envoi de sms, de photos sur instagram ou
whasapp et des messages sur fb. Zut il est 17h. Réchauffer une pizza et c’est
reparti pour coller avec de la super glue des objets inutiles tombés des
étagères ou pour enfiler des perles que l’on a récupéré une à une sur le
carrelage d’un collier bas de gamme mais auquel on tient.
Avec ce que nous a légué un demi siècle de société de
consommation, nous avons de quoi procrastiner jusqu’à la fin des temps, jusqu’à
ce que le hasard et la nécessité remballent leurs clics et leurs clacs.
Je prends le pli, je signe la charte, je deviens
membre par un bel après midi de temps de chiotte où le terrier d’une maison du
Léon fera office de ligne de départ. Pan! Mais avant, l’envie me titille de
bloguer un p’tit coup. La résolution est prise. Deux théières, un paquet de cracottes
et un kilo de noix plus tard, j’y suis encore. Je ne peux me décider à écrire
avant de résoudre l’équation complexe à trois inconnues: quelle couverture de
lit pour quel matelas et dans quel chambre?
Une vocation est peut-être née.
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